The West

Je m’appelle Dyami drôle de prénom pour un jeune étudiant en science Po à Assas ! je suis d’origine indienne, Dyami veut dire Aigle, mais ce n’est pas un prénom convenable en Europe !

Je suis l’ainé d’une fratrie de six enfants.

Mes parents Iris (Arc en ciel) et Youtonga (bison assis) vivent actuellement dans une réserve en Amérique, là où ils sont nés.

Dès l’Age de 10 ans ils m’ont envoyé en France pour que j’apprenne « des choses » qui me rendraient libre toute ma vie !

La liberté c’est ce qui leur manquait et leur manque toujours.

Je suis revenu quatre à cinq fois les voir, le voyage était payé en partie par le pays qui m’avait
adopté, je lui en suis très reconnaissant.

J’ai pu ainsi voir grandir mes frères et sœurs et vieillir mes parents.

La liberté! c’est quoi la liberté ?

En voyant ma famille dans leur « réserve », se rassembler autour d’un feu, chanter danser, raconter les histoires des ancêtres, se lever avec le soleil et se coucher avec le soleil ! se lever sans le réveil, vivre sans attendre le bus, sans horaires, manger avec les doigts des boulettes de riz collant, mêlé à des petits bouts de viande ! je me demandais à chaque séjour, c’est quoi la liberté ?

Maintenant, j’ai 28 ans, je suis le cursus que j’ai choisi, j’ai rencontré Marjolaine , je suis heureux !

Mais je n’ai qu’une envie, c’est de faire connaitre à ma chérie, on dirait « meri jaan » dans ma langue natale, ma terre amérindienne, ses habitants et bien sûr mes parents.

Je lui en ai parlé ,elle a un peu peur, elle imagine les Western avec les cowboys et les indiens, comme dans les films, les flèches empoisonnées, les chevaux montés à cru, les batailles, les morts, les prisonniers attachés à un arbre…

Oui, tout existe encore, mais c’est la vraie vie : les cowboys ont des troupeaux immenses, qu’ils rassemblent toujours au galop ! ils ne se mélangent que très peu aux indiens qui ont gardé leurs dialectes, coutumes, et roi !

Les arc et les flèches sont devenus plutôt décoratifs en mémoire des ancêtres !
La vie est paisible dans mon village de Wigwam !

Ca y est nous partons, je suis heureux, un peu excité et anxieux de cette rencontre que j’ai organisé entre Marjolaine et de ma famille, entre Marjolaine et de mes racines , entre Marjolaine et de ma vie d’avant !

Elle aussi est anxieuse, la main qu’elle me donne à serrer est un peu moite, elle parle peu dans cet avion qui nous emporte vers l’ouest ;

Le voyage est un peu long, sept heures d’avion, puis les bus qui semblent être sorti d’un film :rouges et blancs, couleurs que l’on devine à peine tellement ils sont couverts de poussière ocre. Le paysage est désertique, avec de place en place de grands cactus, des arbres biscornus, des fermes blanches, des troupeaux de bêtes cornues !
« quel dépaysement » me dit-elle d’une voie émue, « il y a dix heures nous étions à Paris ! regarde maintenant ! c’est un peu comme çà que j’imaginais ton pays, on voit çà en images ou à la télé, mais en vrai ! cela parait tellement paisible, et ces espaces immenses, c’est magnifique ! »

Notre arrivée à Wigwam est très mouvementée ,joyeuse, bruyante !tout le monde veut voir la jeune femme blanche que j’amène avec moi ! une cacophonie de questions, de commentaires, d’invitations ;Marjolaine est comme saoule, elle me tient par la main, sa main qui n’est plus moite, elle regarde partout, bute sur les cailloux, répond aux salutations par des sourires qui ravissent ceux qui l’accueillent.

Enfin au bout du chemin nous arrivons à notre maison faite de bois et de bouse séchée ;
Mon père ma mère nous attendent comme il est de coutume, debout devant l’entrée de leur
habitation.

Comme de coutume papa s’avance , me salue, et salue ma compagne ! puis maman m’embrasse chaleureusement, prend la main de Marjolaine et l’invite à entrer ;

A l’intérieur je retrouve le mélange d’odeurs de plantes et herbes sauvages, de monoï utilisé pour la toilette, les odeurs de mon enfance…
Les jours se succédèrent de journées chaudes en pluies bénéfiques, de repas copieux en fêtes inoubliables, d’histoires de famille en questions sur notre avenir, de danses le la pluie en danse de la fertilité! de siestes tranquilles en atardecer rojo en amoureux seul au monde !

Bien sur les vacances se terminaient il allait falloir retourner à notre vie d’européens !
Ce n’est pas la conquête de l’ouest qui nous sembla le plus difficile, mais plutôt le retour vers l’est ! Nous étions les héros de notre propre western !et ce n’était pas du cinéma !