L’Huitre et l’huitre

Une belle huître dans la mer
S’agrippait à son rocher
Une autre, sa commère,
S’efforçait de l’imiter

La première, d’un certain embonpoint,
S’enorgueillit de sa beauté,
Jusqu’à la dentelle de son pourpoint,
Lui offrit cette vérité
« Chère amie, mirez ma volupté,
Ma splendeur qui déferle,
De cette morphologie facilitée
J’en ai fait quelques perles ;
Songez donc à vous y atteler ».
La seconde, plus sage et plus chétive,
Ne rougit point de cette féconde.
Néanmoins, elle n’était pas naïve,
Et réagit à cette faconde :
« Que n’allez-vous étaler votre richesse,
Soyez humble et belle de rien.
Des alentours on ne voit votre joliesse,
Qu’au travers de votre bien.
Vous saurez que sur la sensibilité
L’emporte la cupidité ».

Une main surgit à ces mots
Et la perle s’enfuit hors de l’eau,
Laissant la coquette la coquille béante
Et souffrir de sa bêtise géante.

N’ayons point peur nos talents d’honorer,
Et, sans artifices, exister.