La page blanche et la main qui tremble

Elle était là, pure et apprêtée, dans l’attente impatiente de lui conter quelque histoire. Son maquillage dans l’encrier n’avait que les idées pour l’en parer, et de sa fiction l’embrasser. Son acolyte la réveille, ajuste les bords de sa robe ; ayant tant imaginé cette rencontre, elle s’empoigne de lui pouffer des merveilles, des fictions qui devait emporter son émotions. Mais les images restent sages dans sa tête, et sans traduction, se figent dans une déréliction la privant de sa plus singulière expression. Elle en oublie l’abordage, sa tournure, son phrasé, et sans son carnet la laisse sans s’incarner. La feuille blanche s’impatiente, croyant qu’on la fait miroiter « Outrage ! se figure-t-elle. Quelle ignominie me querelle, de ne savoir me mettre à la page ». Peut-être, dans cette océan de lâcheté, n’avait-elle pas pied ? Elle n’avait pas pied, et pas moins que la main pour témoin, sans mettre le doigt sur le problème. Parce qu’elle n’en avait pas. Le papier, à trop se crêper le chignon, se crépon le chiné. Sans inspiration, la main s’étouffe, sans souffle, et s’époumone sans crier, et, mettant les poings sur les i, à défaut de les écrire, le tapa sur la table, laissant l’ancre s’encrer, sans créer d’incrédule : une tache éclatée n’avait eu pour seule tâche de tacher la robe blanche, blanche comme sa patte qu’elle montrait jusque-là. On eut pu se figurer qu’on avait pas besoin d’en venir aux mains. Mais à quoi bon, si c’était pour remettre à deux mains ce jeu de vilain.

Moralité : Ne succombez pas à la violence, achetez un bescherelle.