Noël

Il était une fois une rose à Noël
– « Ah! Je me réveille à peine… Je vous demande pardon… Je suis encore toute

décoiffée … Et je suis née en même temps que le soleil…. »

Mais où suis-je donc ? Je ne reconnais pas ce lieu ! Je devais être accueillie par un petit blondinet et je ne vois personne ! brrr !! Il fait très froid ici ! mais quelle heure est-il donc ? Le jour se lève à peine ! Je ne vois pas de baobab non plus ! Un vieux mur tout contre moi me protège des courants d’air et me rassure, je frissonne, quelle est cette poudre blanche sur mes pauvres petites feuilles ? Du sable ? Je suis dans le désert peut être ! Je ne me suis peut-être pas trompée de lieu pour apparaitre, j’ouvre grand mes yeux et je vous tiens au courant !

En fait rien ne se passe, je vois de mieux en mieux ce qui m’entoure: un gros arbre me cache un peu la vue ! On a beau dire « auprès de mon arbre je vivais heureux … » celui- ci me dérange un peu !

J’entend une cloche qui sonne l’angélus, sept coups qui résonnent dans le matin venant d’un clocher invisible, c’est mieux que d’entendre le tocsin, j’ai envie de chantonner : « Je sais une église au fond d’un hameau
Dont le
fin clocher se mire dans l’eau » lalala

Oh ! Voici quelqu’un qui s’approche, je me redresse, je prends la pause, il faut qu’on me remarque ! De l’allure ! De l’allure ! De veux me distraire un peu, je veux rencontrer du monde, je ne veux pas rester seule « la solitude ça n’existe pas ! » il me fait bien rire Gilbert, je voudrais bien le voir à ma place !

Je me gratte la gorge et je lance un petit « bonjour » ! Probablement trop petit, ils ne tournent même pas la tête ; Je dis ils et bien oui, ils sont trois, ils sont bien jolis, une jeune femme tenant dans les bras un tout petit bébé, et le papa qui les regarde tous deux avec amour et tendresse en les serrant contre, en murmurant :

« car vos beaux yeux sont pleins de douceurs infinies, Car vos petites mains joyeuses et bénies,
N’ont point mal fait encore »

Quel beau spectacle pour moi qui vient de naitre : l’amour simple, l’amour sans fioritures, l’amour nu, ne dit-on pas ?

« l’Amour prend patience ;
L’amour rend service ;
L’amour ne jalouse pas ;
Il ne se vante pas, ne se gon
fle pas d’orgueil….. »

Je crois que c’est exactement ça qui me fascine à cet instant-là, un instantané féerique ! heureux ! troublant !

Mais voilà qu’ils s’éloignent et me laissent comme un cœur mélancolique ! Comme des larmes de tristesse, il pleure dans mon cœur !

Le temps s’écoule paisiblement, je découvre les contours d’une maison sur ma droite, mais rien ne bouge !

J’entends quelques cris et des rires qui se répondent et se rapprochent, un enfant ? Une maman ! Tout n’est pas toujours facile dans la vie des humains ! « viens vers moi » crie la maman et le petit garçon tout encapuchonné court devant en riant et répondant « on va être en retard, et de plus si je ne bouge pas j’ai trop froid ! Le garçonnet s’arrête net devant moi ! « bonjour » lui dis-je, je crois qu’il ne me comprend pas ! « regarde maman, une fleur en hiver, ce n’est pas normal ! C’est dû au réchauffement climatique ! Pourtant cette année on a de la neige ! Je peux la cueillir ?

Alors là !!! j’ai la première peur de ma vie, je panique, je me crispe, s’il me cueille, je meure, je ne suis pas prête ! Je ne connais presque rien de la vie !

Miracle !! la maman le rattrape « prends plutôt cette baguette de pain, cela va me décharger ! Mais tu ne la manges pas, petit gourmand, il faut en laisser à papa pour le déjeuner »

Et les voilà qui s’éloignent ! Je l’ai échappé belle ! J’ai vu la mort de près. Ding Dang Dong, douze coups, déjà ! Que le temps passe vite

« Le temps d’un jour
Temps d’une seconde
Le temps qui court …… »
lalalala

Les minutes s’écoulent doucement mais je suis vivante, je n’ai pas à me plaindre ! Les rayons du soleil me réchauffent et me rassurent, la neige autour de moi s’est transformée en une multitude de gouttelettes d’eau cristalline ! Que c’est joli !

J’en suis à la mi-temps de la journée ! Que va-t-il se passer maintenant ? Peut-être plus rien ; j’aimerais bien encore rencontrer du monde !

Ça discute dans ma tête :

– mais on ne choisit pas !
– mais on est quand même acteur de sa vie !
– oui il faut savoir se bouger ! mais comment faire quand nos racines nous maintiennent à terre ??

J’ouvre l’œil,

À côté de moi j’ai l’impression qu’une petite sœur se met en bouton !

Ça y est ça bouge vers le gros arbre. Je vois mal, un jeune homme et une jeune fille qui jouent à cache-cache ? Je crois bien ! Il n’a qu’à l’attraper et lui murmurer à l’oreille « Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait éclose

Sa robe de pourpre au soleil »

et s’approcher de moi !

Oui, mais j’ai un problème !!! Je ne suis pas rouge du tout ! Ma robe est plutôt d’hermine ! « sa robe d’hermine au soleil » …moins bien mais ça doit pouvoir passer, l’amour rend aveugle !

Je les regarde, ils sont beaux, heureux, joyeux, amoureux, je suis jalouse de ne pas pouvoir être comme eux. Le petit bouton qui pousse à côté de moi sera peut-être mon ami ! Mais il faudrait qu’il se dépêche car je suis déjà dans mon âge adulte, « il suffirait de presque rien, peut-être dix années de moins… »

« Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve, une réalité. »…mais comment on fait ?

Il lui prend la main passe devant moi en me regardant et en lui souriant et ils partent d’un pas joyeux vers d’autres bonheurs (aimer ce n’est pas se regarder l’un l’autre ,mais regarder dans la même direction !)

Je pense ! Je psychote ! Je philosophe ! Un peu trop peut-être, revenons les pieds sur terre, ou du moins les racines en terre.

J’ai l’impression que le temps passe de plus en plus vite, comme l’allumeur de réverbère ! L’hiver les jours sont tellement courts, déjà le soleil baisse et la fraicheur me rappelle que je dors encore dehors cette nuit ! Galère ! C’est ma vie.

Tiens en voilà deux autres, ceux là marchent lentement, elle porte une canne, lui lui tient tendrement le bras, ils chuchotent trop bas, je n’entends rien ! Ils s’approchent directement vers moi, je me sent rougir. En fait je suis une grande timide !

« Viens, dit -elle, je suis certaine qu’elle est déjà fleurie ! »
« Ce n’est pas trop tôt ? » lui répond-il, comme pour la chahuter gentiment.
« Tu vois elle est bien là ! »
« Tu te souviens quand nous l’avons plantée ensemble ? Je te l’avais offerte à notre premier Noël, il y a pas mal d’années !
« On a bien de la chance d’être toujours à deux ! »
« Oui mais tu sais l’amour ce n’est pas seulement un sentiment c’est aussi une volonté !! » « Oui, un petit bisou comme tous les ans ? Certains le font au premier janvier sous une boule de gui, et nous c’est à Noël devant une hellébore blanche ! »

Ils repartent, bien au chaud, vers la cheminée ronronnante , heureux d’avoir une fois encore vécu leur petit rituel ;

Les vieux ne meurent pas
Ils s’endorment un jour et dorment trop longtemps
Ils se tiennent la main
Ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant
….lalala

Et moi j’ai passé une très belle journée de Noël

J’ai découvert tous les âges de la vie : trois grands âges que j’ai eu l’impression de vivre aussi : la jeunesse avec son innocence. l’âge adulte, la maturité et la vieillesse avec sa sagesse et ses souvenirs ;

« Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure. »

Oui la nuit est maintenant tombée, il fait noir, les étoiles commencent à apparaitre : il ne neigera pas cette nuit ;

Avant de m’endormir je repense à tous ces visages rencontrés, à toute cette joie dans ces cœurs aimants, je pense aux jeunes amoureux ! Je m’endors et je rêve : j’en suis certaine, ils vécurent très heureux et eurent beaucoup d’enfants.

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