le 11 mars 2020, Tangalle, Sri Lanka
Après 11 jours à avoir marché dans les montagnes sri lankaises, gravi des rochers, entrepris des ascensions spirituelles, traversé d’innombrables plantations de thé, pris des trains à travers les plaines, je me retrouve sur cette plage déserte (déserte, ou presque : une paillote vend des noix de coco et quelques touristes russes (?) se font roussir le ventre). Allongée sur un transat en bois, pas vraiment confortable, mais ayant le mérite de m’épargner le sable brûlant, je profite de ce temps de « rien » pour faire pause dans ce voyage. Le soleil au zénith, je ressuscite.
Qu’importe le continent, la distance, le temps, l’heure ; le point commun dans ces voyages sont ces moments de pause, ces moments de « rien » où on ne peut plus se mentir, et où tout semble clair, vrai, essentiel, presque obligé. Ces moments où tout s’arrête, où l’on a juste à glisser les pieds dans le sable, regarder l’horizon et s’imprégner de cet instant, présent. Éloignée du cadre, des injonctions quotidiennes, du bruit, de Paris, de l’horloge mentale, éloignée de tout ça, c’est comme si on se rapprochait de son essence. On ne peut plus s’effacer derrière un train à ne pas rater, un rendez-vous à honorer, une route à traverser, faire attention, regarder de chaque côté, et qu’est ce qu’on fait ce week-end ? La petite voix s’éteint et laisse place au vide, si grand mais à la fois si plein ! L’expérience de chaque voyage, sur les dunes du Sahara, des îles Fidji au Fujiyama, sur l’eau sacrée d’un fleuve indien, au delà des rencontres, des paysages et de la hardiesse du périple, c’est aussi et surtout une exploration intérieure ; à chaque fois, un peu une toute première fois. Premier tuk tuk. Première plongée. Premier bus, de nuit. Premier temple. Rencontre avec le pacifique. Découverte du continent asiatique. C’est se faire un peu peur, en chevauchant un scooter.
Et là, sur cette plage, lèvres séchées, gorge nouée, c’est l’heure où les souvenirs se ramènent. Le blues en profitepours’installer.Unedoucenostalgieenglobedessouvenirs,etpetitàpetit,cemomentderiendevient juste une mise au point sur les plus belles images de ma vie. Il y’a beaucoup d’images qui me viennent, de ces étés où tous les soirs sans fins, je cherchais l’aventure jusqu’au petit matin, en traînant sur ma Vespa : c’était la dolce vita. Et puis se dessine de façon évidente la nostalgie des clichés trop pâles d’une love-story : nos vacances au soleil sous les UVB, notre superbe voilier qui a jamais vu la mer, nos lits improvisés sur un morceau de moquette, les discussions de fin de soirée chez les copains… Je me repasse le film sur un air de romance, j’ai l’impression de vivre à nouveau les joies de mon cœur tendre et tout ça a un goût doux-amer : j’ai dans les bottes des montagnes de questions où subsiste encore ton égo. Car solo dans ma tête, c’est dommage. A deux c’est tellement chouette de fumer des cigarettes sur la plage.
Playlist du Voyage en Nostalgie :
- La nuit je mens – Alain Bashung
- Sea, sex and sun – Serge Gainsbourg
- Voyage voyage – Desireless
- Toute première fois – Jeanne Mas
- Mise au point – Jacquie Quartz
- Dolce Vita – Christophe
- L’amour en Solitaire – Juliette Armanet