Spleen

« Ce que je sens, c’est un immense découragement, une sensation d’isolement insupportable, une peur perpétuelle d’un malheur vague, une défiance complète de mes forces, une absence totale de désirs, une impossibilité de trouver un amusement quelconque. »
Charles Baudelaire

J’ai tout perdu au fond de mon être, abandonné, sourd.
Extatique, dans un immense sarcophage pour toujours.
Orgueilleux j’ai perdu le temps, elle est partie ce jour.
Et j’affronte seul les ignobles limbes de ce cœur lourd.

La lame m’emporte, statique, contre toute rémission.
Torture, unique cicatrice d’une impétueuse passion
Sa trace laisse à mon corps la marque de la désillusion.
Elle m’enchaîne à chacune de mes appréhensions.

J’ai perdu la valeur de ce qu’on nomme « sentiment .»
La douceur du printemps qui habite l’âme de l’enfant.
Tout s’oublie dans mon esprit et se teint de rouge sang.
Seule aspérité qui me relie encore à notre funeste temps.

Mais je distingue enfin le visage de cette étrange pluie.
Traversant mon corps, elle apporte une nouvelle maladie.
Et je paye ainsi ma part prise dans cette douce avanie.
Elle prend possession de moi, elle se nomme mélancolie.