Les yeux pourtant grands ouverts, je ne vois rien. Face à moi, un trou noir qui me semble sans fin.
Mon souffle est court. J’ai l’impression d’être happée par une force invisible. Je me concentre pour capter un rayon de lumière. J’aimerais y voir plus clair. Pourtant, mes instincts premiers semblent avoir disparus. Mon esprit commence à divaguer.
En quelques secondes, c’est la panique. J’aime encore trop la vie pour que la grande fin arrive déjà.
Comme dans un tourbillon, je ne trouve plus mes repères. Comment distinguer le haut du bas, la surface du fond, la mort de la vie? Je me sens prisonnière et je veux juste qu’on me rende ma liberté.
Toute ma vie tourne autour du contrôle. De mes gestes, de mes pensées, de mes réactions. Et, en cet instant, je me retrouve confrontée à ce que je redoute le plus : j’ai perdu le contrôle. Mes pieds ne me soutiennent plus. Mon corps entier est laissé à la merci de cette force puissante et incontrôlable. Mon esprit, lui, semble avoir perdu toute capacité de réflexion.
L’enfer ressemblerait-il à ça ? Un monde que je ne contrôle plus. Ce gouffre qui me happe. Et le temps qui passe trop lentement et si rapidement à la fois.
Les secondes s’égrènent, je ne sais plus quoi faire.
Puis un vague rayon de lumière apparait. Juste assez pour me redonner espoir. Mes yeux s’accrochent à cette mince lueur, et mon corps lui emboite le pas. Je sens les engrenages de mes muscles figés qui se remettent en marche.
Dans mon esprit, une grande vague d’agitation. Et si ce n’était pas fini ? Si la vie était ma porte de sortie ?
Mes mains et mes pieds s’agitent un peu plus fort. Un seul but : suivre cette lueur qui doucement se transforme en mon étoile polaire, ce repère qui me permettra de retrouver mon chemin.
Je parviens à me libérer de la force du tourbillon. Je le sens qui s’éloigne, puis tout à coup revient le calme.
La vague est passée.
Le contrôle retrouvé, mon visage se heurte à la surface. Oh, quelle belle sensation que celle de l’air dans mes poumons ! L’esprit encore dans les profondeurs, je comprends que c’est fini. La vie m’a retrouvée. Mon corps ne m’a pas abandonné. Mon esprit a pris le dessus sur la peur.
Comme un retour à la surface après un passage sous l’eau.