L’ivresse des idées

Voici un exemple fictif, inspiré de faits réels, qui explique comment est déterminé chaque thème de chaque acte du Comptoir des Lignes, par ses fondateurs.

La scène se déroule dans une cave voûtée aux pierres apparentes. Louis, Jean-Konrad et Luc sont assis autour d’un tonneau, sur lequel sont posées une bouteille de crémant, une bouteille de Fourchaume 2015 et une bouteille de mezcal. 

JEAN-KONRAD
Messieurs, il est 4 bouteilles de vin du matin. Les consonnes s’animent devant mes yeux. Nous devrions nous quitter et nous reposer. 

LOUIS 
Attendez cher ami, et notre thème d’écriture ? 

JEAN-KONRAD
Quel thème d’écriture ? 

LOUIS
Et bien voyons, pour le comptoir des lignes !

LUC 
Actuellement, ma préoccupation est plutôt la ligne sur le comptoir. 

LOUIS 
Ne faites-pas de l’esprit, nous sommes deux semaines après notre dernière publication, il faut renouveler !

JEAN-KONRAD
Calmez votre enthousiasme, Louis. Et commencez-donc par renouveler plutôt ce Fourchaume 2015, avant que le soleil ne se lève. 

LUC
Bon, très bien. Un thème. Des idées ? 

LOUIS
Nous pourrions faire un texte argumentatif qui se déroule au XVème siècle, avec des anaphores à chaque fin de paragraphe. 

LUC 
C’est curieux ce mal de crâne, qui surgit sans prévenir. 

JEAN-KONRAD
Cela doit être ce verre d’eau que vous vous êtes aventuré à boire il y a 5 minutes. Tenez, reprenez du crémant. 

LUC
Merci mon ami ! Et vous, quel thème vous amuserait pour ce prochain exercice ? 

JEAN-KONRAD
Nous pourrions imaginer un monde peuplé de grenouilles, ne portant que des chaussettes rouges et cherchant un remède contre le temps qui s’écoule. 

LUC 
C’est curieux cette nausée, qui surgit sans prévenir. 

LOUIS
Cela doit être ce crémant que vous vous êtes aventuré à boire à l’instant. Ne mélangez pas tout et restez sur la même ligne. Tenez, reprenez du Fourchaume 2015. 

JEAN-KONRAD
Et vous mon ami, qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? 

LUC
Et bien je serai curieux de lire des récits post-apocalyptiques, dans un futur hyper-connecté et avec…

(il interrompt)

LOUIS 
Encore, mais vous le proposez à chaque fois !

JEAN-KONRAD
Et nous avons déjà traité ce thème ! 

LOUIS 
Lors de l’Acte XXII

LUC 
Mais, je…

(il interrompt)

JEAN-KONRAD
Et dans l’Acte X, “rendez-vous en 2051” !

LUC
Très bien mais…

(il interrompt)

LOUIS
Donc nous sommes courtois mais appelons un chat, un chat. Nous avons créé Le Comptoir des Lignes, et non pas Le Comptoir de la Dystopie. 

LUC
C’est curieux cette acidité, qui surgit sans prévenir. 

LOUIS ET JEAN-KONRAD
Cela doit être ce thème, que vous vous êtes aventuré à nous ressortir à chaque acte.

JEAN-KONRAD
Tenez, reprenez du Boris Vian.

LOUIS
Et du Marcel Proust !

LUC
Décidément, à chaque fois c’est le même scénario. Il y a 3 hommes dans la cave, il y a 3 bouteilles dans les 3 hommes, et il y a 3 thèmes qui ressortent. Quelle tragédie!

LOUIS
C’est même tragi-comique !

JEAN-KONRAD
Et bien voilà, notre thème : une pièce de théâtre. 

LUC
Faisons-même un huis-clos 

LOUIS
Mon cher Luc, une pièce de théâtre doit comprendre l’unité de lieu. Elle doit donc se dérouler dans un lieu bien précis. 

JEAN-KONRAD
C’est curieux ces trous de mémoire, qui surgissent sans vous prévenir.

LUC 
Cela doit être ce mélange de crémant et de Fourchaume 2015 que vous m’avez tous les deux servi il y a 5 minutes. Donnez-moi le mezcal, je dois purger tout cela.

LOUIS
Et une dernière contrainte ? 

LUC 
Mon cher Jean-Konrad, à quel objet pensez-vous là, maintenant ? 

JEAN-KONRAD
À une lanterne rouge. 

LOUIS 
Amusant. Et pourquoi donc ? 

JEAN-KONRAD
Parce que cela me rappelle cette maison… Mais je ne sais plus exactement pourquoi j’ai pensé à une lanterne rouge, finalement.  

LUC
Et bien salud, à notre acte XXVII : une pièce de théâtre à huis-clos – cessez donc de vous moquer – avec une lanterne rouge.

Ils entament un ban bourguignon pour fêter l’achèvement d’une quête difficile, floue et exigeante vinicolement.